Dans la perspective du
changement engagé par la révolution et compte tenu de la présence d'acteurs
nouveaux sur la scène nationale, j'en appelle à une concertation élargie afin
d'établir une nouvelle étude du Schéma national d’aménagement du territoire (Snat)
se basant sur :
– Des
statistiques et données fiables reflétant la Tunisie réelle et non truquée de
Ben Ali.
– Une
photographie et un inventaire socioéconomique du pays : pauvreté avoisinant les
25%, taux de chômage d'environ 30%, secteur informel grandissant détruisant notre
tissu industriel et nos entreprises qui payent leurs impôts et les charges
sociales pour leurs employés.
– Des
termes de référence établis par un panel d'experts tunisiens ayant des
compétences certaines, d'une part, et approuvés par un comité de pilotage
formé par tous les partis politiques et institutions de l'Etat, d'autre part.
Pour
mener à bien cette œuvre utile à l'avenir du pays, il faudrait rapidement
réhabiliter, voire rénover l'institution de l'aménagement du territoire, car la
Dgat, version actuelle, est devenue une institution caduque, vieillissante,
dépourvue d'expertise et ne correspondant en rien à la hauteur de la mission
d'organisation et d'aménagement du territoire.
A titre
de proposition, je suggère que la Dgat devienne une agence autonome, compte
tenu de ses interventions transversales, pourvue d'un conseil d'administration
formé par les forces vives de la nation (représentants des ministères-clés,
communes, Ugtt, Utica, instituts de recherche, universités, partis politiques,
ONG et experts indépendants). Ce conseil d'administration veillera au bon
fonctionnement de cette agence et de son indépendance et approuvera les
contenus des études réalisées ou supervisées par cette dernière. Le cadre
exécutif de cette agence serait composé d'un directeur général et d'un groupe
d'experts planificateurs multidisciplinaires confirmés (sociologues, juristes,
aménageurs, urbanistes, ingénieurs des transports multimodaux, agronomes,
environnementalistes, hydrogéologues, etc.) et d'une unité de traitement de
l'information géographique, outil idéal et obligatoire pour générer et évaluer
rapidement les scénarios de développement et les impacts des actions projetées
sur le milieu naturel et social. A ce dispositif classique, il conviendrait de
prévoir une unité de communication pour mieux expliquer et vulgariser les
concepts, la fonction de l'aménagement du territoire et les résultats des
études entreprises par cette agence. A cela, il faudrait ajouter une
plateforme de formation des cadres régionaux et locaux dans le domaine de la
planification sectorielle et territoriale, discipline rarement enseignée
dans les universités. L'agence aura aussi l'obligation d'encadrer des thèses de
doctorat afin de bâtir un pont avec les jeunes chercheurs s'apprêtant à quitter
le monde virtuel des universités.
Cette
institution devra fonctionner d'une manière indépendante des lobbies nationaux
et internationaux et refuser toute ingérence dans ses choix et sa philosophie,
et son financement être impérativement national.
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