La Tunisie post «dégagement » de
Ben Ali est confrontée à quatre défis
majeurs : l’ingérence étrangère, la "libanisation" du
système politique tunisien, le déficit des comptes publiques et celui de
la balance des paiements, l’hémorragie provoquée par les IDE non
exportateurs et enfin l’islamisation de la vie politique. Toute stratégie
de sauvegarde de la Tunisie devra tenir compte de ces 5 fléaux nocifs qui
risquent de mettre le pays à genoux et provoquer la banqueroute :
Premier défi : l’ingérence « étrangère
Premier défi : l’ingérence « étrangère
Comment réduire à néant l’influence
qatari sur le développement politique en Tunisie ; c’est la question
essentielle à résoudre pour faire échouer l’ingérence étrangère. A titre de
rappel, Qatar s’est montré complice dans le renversement de Kadhafi, agressive
dans le traitement de la crise syrienne et généreuse dans les élections de la
Constituante en Tunisie pour avantager les mouvements anti-séculiers. Qatar
joue à l’excellence son rôle de cheval de Troie. Accepter la présence
de l’Emir du Qatar dans la séance d’ouverture de la Constituante, c’est
accepter l’agenda de l’Occident et davantage des pays du Golfe
lesquels, grâce à leurs pétrodollars, espèrent voir la Tunisie
séculière se transformer pour devenir un Emirat sous double tutelle
(occidentale et golfique), grosse couleuvre certainement non consensuelle à
faire avaler au peuple tunisien. Les héritiers et héritières d’Abou El Kacem
Chebbi, Tahar Haddad, Habib Bourguiba et de tous les martyrs d’hier et d’aujourd’hui
ne se soumettront pas. Nous refusons cette présence et chacun assumera sa
responsabilité.
Second défi : la
libanisation de la Tunisie
Les tractations tripartites entre les
formations politiques ayant remporté les élections du 23 octobre nous
rappellent des tristes évènements du Liban et l’accord de Taëf du
7 janvier 1989. Les accords de ce jour entre les trois formations nous
font vivre les recommandations Taëf. Appliquées au cas tunisien ces accords
donnent :
·
Réduire les pouvoirs du
président (originaire du Sud) au profit de ceux du premier ministre (originaire
du Centre) et du président de l'assemblée (originaire du Nord);
·
Confier le pouvoir exécutif à
un Conseil des ministres où les portefeuilles seront également répartis entre
les trois grandes régions (Centre, Nord et le Sud);
·
Accroître le nombre des
députés artificiellement en supprimant la supériorité numérique du Littoral
pour atteindre une presque parité entre les villes côtières et les villes de
l’intérieur. Et la démocratie alors, ce n’est qu’un décor pour la galerie !
C’est le nouveau système qu’on appelle "Apposition" tant réclamée par
certains !
Troisième défi : déficits
publics et ceux de la balance des paiements, porte ouverte à la colonisation : La Tunisie
devra examiner de prêt le cas grec et en tirer les conclusions et les
enseignements. En tout cas, ne pas aller dans le sens de la facilité et aux
désirs des faucons de l’économie soi-disant libérale. Quelques mesures préventives
sont nécessaires :
·
l’interdiction du déficit
public, seul moyen pour nous éviter gaspillage et
projets "bidons" et nous permettre d’avoir un meilleur
recouvrement fiscal en criminalisant la fuite fiscale;
·
l’obligation pour la Banque
Centrale de garantir un solde positif, au pire nul, de l’encours de la balance
des paiements, unique paravent de notre souveraineté et indépendance nationale
(l’épargne nationale pourrait suffire si on a de l’imagination).
Ainsi, ces deux règles d’or,
garde-fous constitutionnels, génèreront une nouvelle conception de
développement économique et social fondée sur une juste redistribution des
richesses du pays et l’épargne nationale afin de nous éloigner du cercle
infernal de l’endettement, porte ouverte au néocolonialisme et à
l’asservissement du peuple tunisien.
Nous serons affrontés à partir de 2012
à des pressions internes venant des zones de l’intérieur (demande
d’investissement démesurée et probablement non rentable), et des pressions
externes venant de la montée en puissance de nos IDE non exportateurs
(cimenteries, téléphonie, pétrole...). Ajoutons à cela l’effondrement du
secteur du tourisme par la guerre civile en Libye, la crise européenne,
et la prise du pouvoir par une coalition non professionnelle et non homogène.
Tous ces facteurs vont aggraver le déficit de la balance des paiements
qui pourrait attendre 7%, alors que nous réclamons le déficit zéro.
Quatérième défi : arrêter l'hémoragie financière provoquée par les IDE non exportateurs: la
stratégie d’ouverture de l’économie tunisienne à l’investissement direct
étranger (IDE), prônée et exécutée via la vente des "bijoux de
famille" (cimenteries, cession d’une part importante du capital de Tunisie
Télécom, concessions de téléphonie, banques, assurances, tourisme, etc..)
essentiellement par Ben Ali sous pression des institutions internationales
risque de poser de sérieux problèmes pour la balance des paiements de la
Tunisie. Des études récentes se basant sur les statistiques de l’INS montrent
que, pour la période comprise entre 2000 et 2008, les dividendes
exportés ont été multipliés par 3,47 alors que le PIB ne l’a été que par 1,85.
Cette situation résulte d’une politique de liquidation de tous les projets
rentables au profit de l’investissement direct étranger. Ces IDE
non-exportateurs participent à l’endettement et creusent le déficit de la
balance des paiements. Ces IDE fabriquent l’appauvrissement du pays. Est-ce un
hasard ou une pratique mûrement réfléchie par Ben Ali et son clan ? Les
tunisiens se demandent si ces investisseurs étrangers sont des
sociétés-écrans servant d’abri au clan mafieux. Un audit indépendant devra être
mené au plus vite pour connaître la vérité sur ces IDE. A son insu, le
peuple tunisien serait en train de payer environ 2 Milliards de dollars par an
en tant que bénéfices exportés des IDE au profit du clan Ben Ali et lui
permettre un exil doré. L’Etat tunisien devrait s’atteler sérieusement à cette
question des IDE, car sont en jeu sa crédibilité et l’intérêt national. La
Tunisie est en droit de nationaliser les entreprises cédées d’une manière peu
transparente aux investisseurs soi-disant étrangers.
Cinquième défi : non à l’islamisation de la vie
Cinquième défi : non à l’islamisation de la vie
Les formations politiques islamiques
ont tout fait pour que le peuple tunisien, au lieu de se projeter dans le
futur, il est en train de discuter de la 6ème Califa !Nos mosquées
sont devenues des tribunes politiques pour les salafistes et jihadistes.
Nos enseignantes et enseignants sont
menacés s’ils n’acceptent pas les caprices des petits salafistes. Ce défi
est majeur risque de diviser le pays et causer des dégâts difficilement
réparables.
La question qui se pose maintenant
est: nos hommes et femmes politiques glissent-ils lentement et surement et par
touches successives de la démocratie au fascisme pour atteindre en douceur des
objectifs obscurs ?
Mustapha STAMBOULI
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