25/01/2012

L'Islam n'est pas l'islamisme, par Abdelwahab Meddeb

Ce qui triomphe aujourd’hui en islam, c’est la politique. Or il s’agit de la partie la plus pauvre et la moins adaptée au siècle. D’autant plus que cette visée politique s’appuie sur un dispositif juridique éculé. C’est cette part pauvre qui mobilise les énergies. Par le recours à des normes qui structurent une humanité d’un autre âge, les islamistes imposent une identité alternative à celle, d’origine occidentale, qui est assimilée à notre siècle. C’est comme si les militants islamistes voulaient faire du sujet islamique un être intempestif et anachronique. Or, ces deux attributs confirment l’inscription du projet islamiste dans une logique nihiliste. De fait, l’islamiste nie les valeurs de la modernité, celles qui construisent l’individu autour de la liberté et de l’égalité, sans distinguer entre le sexe, le genre, l’ethnie, la croyance. Et le propre du nihiliste est de vouloir imposer son projet par la violence.
C’est à ce défi que sont confrontées les sociétés arabes aujourd’hui, après avoir brisé en l’an 2011 le sceau qui les empêchait d’agir. Et ceux-là même qui ont enclenché le processus révolutionnaire se trouvent dépités. Car ils ont agi selon les principes du droit naturel par les moyens de la résistance et de la désobéissance civiles, loin de la référence religieuse. Au nom de la liberté, de la dignité, de l’égalité et par la non-violence,  ils ont abattu des systèmes politiques arbitraires, corrompus, iniques. Ensuite, après plusieurs mois de gouvernement transitoire, le passage par les urnes a révélé l’hégémonie islamiste partout, en Egypte, en Tunisie mais aussi au Maroc. C’est le choc de découvrir à nu les pays réels. La suite

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