05/02/2012

Discours de Juppé à la Fondation France-Israël : la France est et sera toujours l’amie d’Israël.


Chers amis de la Fondation France-Israël,
C’est pour moi un honneur d’être le premier invité de la série de petits-déjeuners thématiques que l’association des amis de la Fondation France-Israël a eu la bonne idée de lancer. Je suis d’autant plus heureux d’être parmi vous aujourd’hui qu’en raison de l’Assemblée générale des Nations Unies, je n’avais pu assister au dîner de gala de la Fondation, en septembre dernier.

L’organisation de ce premier petit-déjeuner au Quai d’Orsay n’est pas un hasard.
La Fondation France-Israël est en effet à mes yeux un atout exceptionnel pour faire connaître Israël et la richesse de la société israélienne à l’opinion française comme pour faire vivre en Israël la relation entre nos peuples. C’est également une plateforme efficace pour jeter des ponts entre toutes les composantes de nos sociétés, au-delà des liens communautaires qui peuvent déjà exister.
Je voudrais donc rendre hommage à votre travail et saluer les actions menées par la Fondation au cours des derniers mois. Votre dynamisme et votre énergie y sont pour beaucoup, chère Nicole. Qu’il s’agisse du voyage de petits-enfants de « Justes » en Israël, de la nuit de la publicité israélienne à Paris ou encore de la prochaine visite d’agriculteurs français en Israël, vos projets sont autant d’occasions de renforcer l’amitié franco-israélienne.
Cette amitié entre nos deux pays, nous voulons continuer à l’enrichir : la France est et sera toujours l’amie d’Israël.
Dans bien des domaines, notre relation bilatérale est déjà exemplaire.
·         Je pense à notre dialogue politique, qui se nourrit des nombreuses visites de ministres français en Israël et de ministres israéliens en France – je me réjouis d’ailleurs que grâce à l’adhésion d’Israël à l’Organisation de coopération et de développement économiques, les ministres israélien aient encore plus souvent l’occasion de venir à Paris.
·         Je pense aussi à notre coopération culturelle, qui est extrêmement vivante. En Israël, où un habitant sur dix est francophone, notre ambassade a à cœur de répondre toujours mieux à la soif de culture française. Les récentes initiatives que nous avons lancées, comme le festival « lire en scène » ou le forum « démocratie», organisé en lien avec de grands médias israéliens, ont été de véritables succès. Nous sommes déterminés à les renouveler.
Pour autant, il existe encore des domaines dans lesquels nous pouvons progresser.
C’est notamment le cas de notre relation économique et commerciale, qui reste notre talon d’Achille. Aujourd’hui, nous ne sommes qu’au 10e rang des exportateurs vers Israël. Le niveau de nos investissements mutuels est également insuffisant. C’est d’autant plus décevant que l’économie israélienne dispose d’une capacité d’innovation inégalée, qui a été récompensée cette année par l’attribution du prix Nobel de chimie à Daniel SHECHTMAN.
Je sais que de nombreux projets ont été engagés pour remédier à cette situation, qu’il s’agisse de l’organisation en décembre dernier des journées franco-israéliennes de l’innovation à Bercy ou du lancement par la Fondation du réseau social d’entrepreneurs Isralink.
Ensemble, nous devons continuer à nous mobiliser pour encourager les hommes d’affaires français à investir en Israël et les hommes d’affaires israéliens à venir investir en France, pour engager nos acteurs économiques respectifs à travailler ensemble et pour inciter les entreprises françaises, PME ou grands groupes du CAC 40, à s’installer en Israël pour tirer profit d’un marché technologique en pleine croissance.
Renforcer la vitalité de la relation bilatérale entre la France et Israël, c’est enfin tout faire pour éviter les malentendus. A cet égard, je veux le dire clairement : les responsables de la mort de Lee ZEITOUNI doivent être jugés. La France met tout en œuvre pour que la disparation tragique de cette jeune femme israélienne ne reste pas impunie. La police et la justice françaises ont coopéré activement avec les autorités israéliennes pour faire progresser l’enquête. Notre droit ne nous permet pas d’extrader les suspects du fait de leur nationalité française, ni d’engager de notre propre initiative une procédure judiciaire en France à leur encontre. Mais nous n’attendons qu’une saisine de la part des autorités israéliennes ou le dépôt d’une plainte en France par la famille pour lancer cette procédure. C’est le seul moyen d’éviter un déni de justice, qui serait immoral et que personne ne souhaite.
Mais les liens qui unissent la France et Israël dépassent largement le cadre de notre relation bilatérale.
Nous mesurons pleinement les défis que représentent pour Israël les bouleversements en cours dans le monde arabe. Sans faire preuve de naïveté, nous considérons que la meilleure réponse à apporter aux aspirations des peuples consiste à reconnaître leur légitimité et à accompagner les transitions démocratiques en cours pour garantir leur succès. Il ne s’agit pas pour autant d’un chèque en blanc aux nouveaux régimes. Nous ne tolérerons pas que ces derniers, fussent-ils issus des urnes, remettent en cause les fondamentaux de la paix avec Israël ou son droit à exister dans la région.
Nous mesurons aussi – et nous partageons avec vous – l’inquiétude que suscite le manque de progrès tangibles dans le processus de paix. Il faut naturellement saluer les efforts de la Jordanie pour relancer des contacts directs entre les parties. Mais ne nous voilons pas la face, ces efforts n’ont malheureusement que très peu de chances d’aboutir, car les parties ne sont pas prêtes à prendre les mesures courageuses qui s’imposent pour avancer sur le chemin de la paix.
Cette situation d’impasse est contraire aux intérêts d’Israël. Nous ne pouvons nous en satisfaire. Il est de notre responsabilité à tous d’encourager les parties à recréer le climat de confiance indispensable à la relance d’un processus de négociation viable, seul à même de mettre un terme au conflit. C’est la raison pour laquelle nous avons vivement condamné l’accélération récente de la colonisation, qui menace plus que jamais la solution des deux Etats.
L’impasse actuelle doit également nous conduire à engager une réflexion sur la méthode et sur le nécessaire élargissement de l’encadrement international du processus de paix. Aujourd’hui, il n’est plus réaliste de penser qu’il sera possible d’avancer sans un accompagnement direct des efforts de paix par l’Europe ou les pays arabes.
Enfin, comme le président de la République l’a une nouvelle fois rappelé dans ses vœux au corps diplomatique, la France s’engage pleinement en faveur de la sécurité d’Israël. J’en veux notamment pour preuve le rôle moteur que nous jouons dans la mobilisation internationale contre le programme nucléaire iranien. C’est à l’initiative de la France que l’Union européenne a adopté des sanctions sans précédent, à savoir un embargo pétrolier et le gel des avoirs de la Banque centrale iranienne. Ces mesures témoignent de notre détermination. Elles visent à montrer au régime iranien que la seule issue possible consiste à ouvrir des négociations sérieuses et concrètes avec la communauté internationale sur son programme nucléaire Elles prouvent que face à cette menace, Israël n’est pas seul. Nous continuerons à renforcer la pression sur Téhéran tant qu’il refusera le dialogue et poursuivra ses provocations. Toute reprise du dialogue ne pourra être conduite que sur des bases concrètes et sérieuses et mener à une solution qui comporte nécessairement le respect des résolutions du Conseil de sécurité. Nous ne baisserons pas nos exigences.
 Mesdames, Messieurs,
 Vous le voyez, notre engagement aux côtés d’Israël ne faiblit pas. Vous trouverez toujours dans cette maison des hommes et des femmes désireux de soutenir le travail de la Fondation et d’appuyer toute initiative de nature à renforcer les liens entre la France et Israël.
 Je vous remercie./.

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